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I have a lot more patience for others than I have for myself, and I am much better at bringing out the best in others than in myself. That’s just the kind of person I am. I’m the scratchy stuff on the side of the matchbox. (tr.) J'ai beaucoup plus de patience pour les autres que pour moi-même, et il est beaucoup plus facile pour moi de faire ressortir le meilleur des autres que de moi-même. C'est simplement qui je suis. Je suis la surface rugueuse sur le côté d'une boîte d'allumettes.
Allez donc le chercher son Barbagny dans la fin d’un monde ! Il aurait fallu qu’on sacrifiât pour le retrouver son Barbagny au moins un escadron tout entier ! Et encore un escadron de braves ! Et moi qui n’étais point brave et qui ne voyais pas du tout pourquoi je l’aurais été brave, j’avais évidemment encore moins envie que personne de retrouver son Barbagny, dont il nous parlait d’ailleurs lui-même absolument au hasard. C’était comme si on avait essayé en m’engueulant très fort de me donner l’envie d’aller me suicider. Ces choses-là on les a ou on ne les a pas.
Il aimait les beaux jardins et les rosiers, il n'en ratait pas une, de roseraie, partout où nous passions. Personne comme les généraux pour aimer les rosiers. C'est connu.
Pour que dans le cerveau d'un couillon la pensée fasse un tour, il faut qu'il lui arrive beaucoup de choses et des bien cruelles. Celui qui m'avait fait penser pour la première fois de ma vie, vraiment penser, des idées pratiques et bien à moi, c'était bien sûrement le commandant Pinçon, cette gueule de torture.
Je retrouvai la terre peu d'instants plus tard et la nuit, plus épaisse encore sous les arbres, et puis derrière la nuit toutes les complicités du silence.
Je n'étais pas très sûr que ce soit réel, tout ce qu'il me racontait là, mais toujours est-il que ce prédécesseur me fit l'effet instantané d'être un fameux chacal.
Philosopher n'est qu'une autre façon d'avoir peur et ne porte guère qu'aux lâches simulacres.
Pour bouffer moi je comprends tout ce qu'on veut, ce n'est plus de l'intelligence c'est du caoutchouc.
En somme, tant qu'on est à la guerre, on dit que ce sera mieux dans la paix et puis on bouffe cet espoir-là comme si c'était du bonbon et puis c'est rien quand même que de la merde.
J'ai fini par m'endormir sur la question, dans ma nuit à moi, ce cercueil, tellement j'étais fatigué de marcher et de ne trouver rien.
Par exemple à présent c'est facile de nous raconter des choses à propos de Jésus-Christ. Est-ce qu'il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ ? J'ai dans l'idée que ça n'aurait pas duré longtemps son truc s'il avait fait caca en public.
On s'était bien compris autrefois avec la fille Henrouille... Pendant longtemps... Mais maintenant, elle était plus assez bas pour moi, elle pouvait pas descendre... Me rejoindre... Elle avait pas l'instruction et la force. On ne monte pas dans la vie, on descend.
Je m'en retournai triste quand même du côté de Vigny, en pensant que tous ces gens, ces maisons, ces choses sales et mornes ne me parlaient plus du tout, droit au coeur comme autrefois, et que moi tout mariole que je pouvais paraître, je n'avais peut-être plus assez de force non plus, je le sentais bien, pour aller encore loin, moi, comme ça, tout seul.
Lettres à un jeune poète (1929) — Rainer Maria Rilke𝐕𝐈 Rome, le 23 décembre 1903.𝑀𝑜𝑛 𝑐ℎ𝑒𝑟 𝑀𝑜𝑛𝑠𝑖𝑒𝑢𝑟 𝐾𝑎𝑝𝑝𝑢𝑠, Mon salut ne doit pas vous manquer pour le temps de Noël, quand, au milieu de la fête, vous porterez votre solitude plus durement qu’en un autre temps. Si vous sentez qu’alors votre solitude est grande, réjouissez-vous-en. Dites-vous bien : Que serait une solitude qui ne serait pas une grande solitude ? La solitude est une: elle est par essence grande et lourde à porter. Presque tous connaissent des heures qu’ils échangeraient volontiers contre un commerce quelconque, si banal et médiocre fût-il, contre l’apparence du moindre accord avec le premier venu, même le plus indigne... Mais peut-être ces heures sont-elles précisément celles où la solitude grandit et sa croissance est douloureuse comme la croissance des enfants, et triste comme l’avant-printemps. N’en soyez pas troublé. Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. Être seul comme l’enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l’enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s’en affairent et que l’enfant ne comprend rien à ce qu’elles font. Le jour où l’on voit que leurs soucis sont misérables, leurs métiers refroidis et sans rapports avec la vie, comment alors ne pas continuer de les regarder, ainsi que fait l’enfant, comme chose étrangère, du fond de son propre monde, de sa grande solitude qui est elle-même travail, rang et métier ? Pourquoi vouloir échanger le sage ne-pas-comprendre de l’enfant contre lutte et mépris, puisque ne pas comprendre c’est accepter d’être seul, et que lutte et mépris ce sont des façons de prendre part aux choses mêmes que l’on veut ignorer ? [...] Sil n’est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d’être près des choses : elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays. Dans le monde des choses et dans celui des bêtes, tout est plein d’événements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme l’enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.
La chose, qui attendait, s'est alertée, elle a fondu sur moi, elle se coule en moi, j'en suis plein. — Ce n'est rien : la Chose, c'est moi. L'existence, libérée, dégagée, reflue sur moi. J'existe. [...] Je vois ma main, qui s'épanouit sur la table. Elle vit — c'est moi. Elle s'ouvre, les doigts se déplient et pointent. Elle est sur le dos. Elle me montre son ventre gras. Elle a l'air d'une bête à la renverse. Les doigts, ce sont les pattes. [...] Je sens ma main. C'est moi, ces deux bêtes qui s'agitent au bout de mes bras. [...] Je me lève en sursaut : si seulement je pouvais m'arrêter de penser, ça irait déjà mieux. Les pensées, c'est ce qu'il y a de plus fade. Plus fade encore que de la chair. Ça s'étire à n'en plus finir et ça laisse un drôle de goût. Et puis il y a les mots, au-dedans des pensées, les mots inachevés, les ébauches de phrases qui reviennent tout le temps : « Il faut que je fini... J'ex... Mort... M. de Roll est mort... Je ne suis pas... J'ex... » Ça va, ça va... et ça ne finit jamais. C'est pis que le reste parce que je me sens responsable et complice. Par exemple, cette espèce de rumination douloureuse : j'existe, c'est moi qui l'entretiens. Moi. Le corps, ça se vit tout seul, une fois que ça a commencé. Mais la pensée, c'est moi qui la continue, qui la déroule. J'existe. Je pense que j'existe. Oh! le long serpentin, ce sentiment d'exister — et je le déroule, tout doucement... Si je pouvais m'empêcher de penser! J'essaie, je réussis : il me semble que ma tête s'emplit de fumée... et voilà que ça recommence : « Fumée... ne pas penser... Je ne veux pas penser... Je pense que je ne veux pas penser. Il ne faut pas que je pense que je ne veux pas penser. Parce que c'est encore une pensée. » On n'en finira donc jamais? Ma pensée, c'est moi : voilà pourquoi je ne peux pas m'arrêter. J'existe par ce que je pense... et je ne peux pas m'empêcher de penser. En ce moment même — c'est affreux — si j'existe, c'est parce que j'ai horreur d'exister. C'est moi, c'est moi qui me tire du néant auquel j'aspire : la haine, le dégoût d'exister, ce sont autant de manières de me faire exister, de m'enfoncer dans l'existence. [...] [...] [L]'existence est molle et roule et ballotte, je ballotte entre les maisons, je suis, j'existe, je pense donc je ballotte, je suis, l'existence est une chute tombée, tombera pas, tombera, le doigt gratte à la lucarne, l'existence est une imperfection. Le monsieur. Le beau monsieur existe. Le monsieur sent qu'il existe. Non, le beau monsieur qui passe, fier et doux comme un volubilis, ne sent pas qu'il existe. S'épanouir; j'ai mal à la main coupée, existe, existe, existe. Le beau monsieur existe Légion d'honneur, existe moustache, c'est tout; comme on doit être heureux de n'être qu'une Légion d'honneur et qu'une moustache et le reste personne ne le voit, il voit les deux bouts pointus de sa moustache des deux côtés du nez; je ne pense pas donc je suis une moustache. Ni son corps maigre, ni ses grands pieds il ne les voit, en fouillant au fond du pantalon, on découvrirait bien une paire de petites gommes grises. Il a la Légion d'honneur, les Salauds ont le droit d'exister. [...] [...] J'ai froid, je fais un pas, j'ai froid, un pas, je tourne à gauche, il tourne à gauche, il pense qu'il tourne à gauche, fou, suis-je fou? Il dit qu'il a peur d'être fou, l'existence, vois-tu petit dans l'existence. [...] [L]'existence prend mes pensées par-derrière et doucement les épanouit par-derrière; on me prend par-derrière, on me force par-derrière de penser, donc d'être quelque chose, derrière moi qui souffle en légères bulles d'existence, il est bulle de brume de désir, il est pâle dans la glace comme un mort, Rollebon est mort. Antoine Roquentin n'est pas mort, m'évanouir : il dit qu'il voudrait s'évanouir, il court, il court le furet (par-derrière) par-derrière par-derrière [...], il demande grâce, il a honte de demander grâce, pitié, au secours, au secours donc j'existe [...]